Chantal Chawaf

Chantal Chawaf est écrivaine, directrice de collection et critique littéraire. Depuis Retable, La Rêverie, son premier livre publié aux éditions des femmes-Antoinette Fouque (1974), elle développe une œuvre originale et incandescente, donnant voix à l’expérience intérieure dans laquelle elle explore les thèmes de la naissance, de la relation mère-fille, du couple, de la guerre, de l’angoisse… Elle est l’autrice de plus d’une trentaine de titres, romans, essais, nouvelles et poèmes ainsi que d’une pièce de théâtre.

Bibliographie complète sur le site de Chantal Chawaf

Elle présente

Trois textes, « La Séduction », « Dépression-jazz » et « Anatomie d’un viol », variations sur une souffrance indicible, l’emprise, le viol. Histoires de toutes jeunes femmes piégées, détruites, mais cherchant au plus profond la force de se relever. Ils ont en commun leurs personnages, brossés avec talent, dont la résilience force l’admiration.

Avec son agilité stylistique et sa plume magistrale, d’une manière à la fois frontale et poétique, l’autrice nous révèle ainsi avec une intense acuité les mécanismes psychiques de cette destruction qu’est le viol pour une victime. Le quatrième texte, préambule à « La Séduction » et en écho aux trois autres, raconte et questionne : au cœur de son propos, comme une puissante interrogation, la possibilité et le sens même de l’écriture.

« Cette part de moi, détruite dans ma chair, j’avais cru pouvoir la retrouver vivante dans la littérature. […] Si je n’arrivais pas à formuler la perversion ni la violence de mon viol, j’étais perdue, j’en porterais l’empreinte pour toujours. Mais même si je croyais, en prétendue créatrice, le réduire au silence, loin de s’écarter de mes pensées, le viol au contraire, tandis que j’écrivais, s’intensifiait dans l’insistance avec laquelle, malgré moi, mon dégoût se répétait. J’avais beau pendant des heures, me croire, me vouloir écrivaine, réagir en soi-disant artiste, m’imaginer vierge de toute autre vie que celle que nous invente la fiction, mes mots écrits ne m’abusaient pas. Pourtant, je m’obstinais. Je ne renonçais pas. Ils finiraient par transcrire intégralement le crime. Un jour, je serais prête à me défendre. Même si c’était dans ma tête, même si c’était trop tard… Je témoignerais.» C.C.