Chantal Meyer Plantureux

Professeur émérite en Arts du Spectacle à l’Université de Caen Normandie. Membre du laboratoire HisTéMé, Chantal Meyer-Plantureux est historienne de la culture, spécialisée dans les représentations juives et homosexuelles au théâtre et au cinéma -XIX ème, XXème siècles.

Auteur de l’essai Antisémitisme et homophobie, clichés en scène et à l’écran XIXème-XXème siècle aux éditions du CNRS, elle vient de publier Les Amours saphiques au théâtre : une difficile accession des lesbiennes à la scène (fin des années 1880-fin des années 1920) dans la Revue d’Histoire Culturelle en ligne https://revues.mshparisnord.fr/ et La place du théâtre dans la revue Akademos (première revue homosexuelle française 1909) aux éditions GayKitschKamp (2022)

À paraître : Et si le véritable scandale de la Garçonne était son antisémitisme ? à l’occasion du centenaire de la parution du roman de Victor Margueritte.

Elle présente

Dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, le Juif et l’homosexuel sont les figures réprouvées d’une époque marquée par une crise de l’identité masculine. La défaite contre la Prusse a été vécue comme un drame national, une preuve de l’affaiblissement de la France et de la dégénérescence de la « race ». Les coupables sont vite désignés : l’« invasion juive » et la dépravation des moeurs.

Très rapidement et de manière massive, le théâtre puis le cinéma se font l’écho de cet antisémitisme et de cette homophobie. Ils mettent en scène des Juifs et des homosexuels présentés sous des dehors à la fois grotesques et répulsifs, en un jeu de correspondances qui éclaire puissamment les hantises liées à la sexualité, à la peur du mélange et au rejet de l’altérité.

De Renoir à Pagnol, de Sarah Bernhard à Sacha Guitry, des Goncourt à Gide, cette traversée du monde du spectacle est une véritable plongée au coeur de la société française de la fin du XIXe à

la Seconde Guerre mondiale, qui fait de l’homme blanc, bourgeois, catholique et hétérosexuel, le pilier de la nation.