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L'AFFDU au Sénat

Le 8 mars 2019 plusieurs membres de l'Affdu se sont rendues au Sénat à l'invitation de Laurence Rossignol, sénatrice de l' Oise et ancienne ministre. Il s'agit de Simonella Domingos, Isabelle Trimaille, Jacqueline Spire, Evelyne Lebel et Renée Gérard (membres du groupe de Paris -Île-de-France). La matinée consistait à entendre la parole de certaines femmes gilets jaunes et d 'autres femmes présentes dans la salle, dont certaines étaient membres ou soutenues par "Femmes solidaires" et à faire le point sur les difficultés rencontrées en particulier par les femmes dans deux aspects connexes : précarité et pauvreté puis "la justice est -elle juste avec les femmes?". Il ne s 'agissait pas d' un colloque mais d' un moment d 'expression de toutes, y compris de femmes en grande précarité et à la rue après des difficultés complexes, souvent liées à la volonté d' échapper à un conjoint violent et à l' urgence de se protéger et dans certains cas de protéger ses enfants, à l' impossibilité de toucher effectivement une pension alimentaire,à la mise en oeuvre de la volonté de continuer à travailler, à faire entendre sa voix par les institutions en charge de les accompagner et de faire respecter leurs droits y compris quand des problèmes de santé s' ajoutent aux autres problèmes. L 'idée de cette rencontre était venue du fait que le "grand débat national" actuel ne contient aucun élément sur l' égalité femmes - hommes ou sur les difficultés particulières rencontrées par les femmes.

L 'après-  midi a été présenté l' excellent film documentaire de Bouchera Azzouz, en sa présence, intitulé "on nous appelait beurettes" qui était passé sur France 2 le mardi précédent. Cette réalisatrice avait déjà été remarquée pour la qualité de son premier film "nos mères ces daronnes " passé aussi sur France 2. La réalisatrice et ses amies interviewées dans le film ont fait part de leurs expériences et c' était très émouvant d 'admirer leur courage et leur réussite dans la reprise d 'études et leur liberté actuelle après des années difficiles de besoin d' émancipation présentées dans le film. Ensuite Françoise Laborde (CSA) est venue participer aux échanges et les débats ont continué avec de nouvelles présentations d' expériences. Le constat inévitable est le décalage énorme entre les textes législatifs et la difficulté de mise en oeuvre quelle que soit la qualification des professionnels concernés. Un exemple est qu' il faut un extrait d acte de naissance de la femme pour que l 'ordonnance de protection soit produite donc l 'ordonnance reste souvent en attente. Pourquoi donc le livret de famille ne suffit -il pas? Pour certains pays de naissance on voit mal l' épouse aller avec succès au consulat chercher son propre extrait de naissance sans son mari. Un autre exemple est qu' il faut avoir porté plainte pour abandon de famille pour que la CAF débute la procédure de versement des allocations familiales non versées par le père avant de se retourner contre lui. Les femmes évoquent des difficultés sans fin: des administrations, des policiers, des juges- pourtant en majorité des femmes 'qui n 'écoutent pas leur parole, des audiences où étant à côté du conjoint violent elles sont terrifiées et peu en capacité de faire comprendre la situation après souvent des années extrêmement difficiles. 30 femmes ont été assassinees par leur conjoint ou ex -conjoint depuis le 1er janvier. Environ une femme sur deux qui a été tuée par son ex- conjoint avait déposé plainte. Un thème essentiel et répété a été celui de l 'universalite des droits, contre le relativisme culturel. 

 

Isabelle Trimaille 

Voir les travaux de la délégation aux droits des femmes au Sénat