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Hommage à Paulette Vignais

Fondée en 1920 suite aux désastres de la première guerre mondiale, dans le but de contribuer à créer la paix dans le monde, notre association des Femmes diplômées des Universités rassemble des femmes de toutes origines et toutes disciplines. Elles ont la conviction qu’en favorisant l’éducation des filles et la promotion des femmes, elles atteindront l’objectif premier fixé par les fondatrices.

Paulette Vignais est devenue membre de l’AFFDU en 1981, elle en fut présidente, et jusqu’au bout elle a été une adhérente très active, dynamique et très généreuse.

L’AFFDU aide, grâce à des bourses, des étudiantes à poursuivre leurs études et passer leur doctorat : Paulette prenait part à ces actions, et ajoutait souvent discrètement une participation personnelle. A maintes reprises, nous avons apprécié sa générosité.

L’AFFDU organise des actions en direction de la jeunesse, un concours de rhétorique national intitulé « Les Olympes de la parole », en convention avec le Ministère de l’Education nationale, portant sur les problématiques féministes : Paulette assistait toujours à l’épisode final de l’épreuve académique, qui consiste en une saynète théâtrale jouée par les élèves, lycéens, collégiens ou jeunes enfants du primaire. Elle avait le goût de la jeunesse, et aimait la fréquenter.

 Elle était également membre de la commission cinéma, qui organise le concours de critiques de film, « Les Olympes du cinéma » : non seulement elle assistait à la projection du film choisi, mais elle participait au dépouillement des textes.  La lecture des productions des jeunes lycéens, l’intéressait beaucoup : elle était surprise de voir leurs réactions, leurs réticences, leur franchise, le nombre de fautes d’orthographe aussi, et lorsque certains avaient doublé leur texte d’illustrations artistiques, elle savait apprécier leur créativité.

Deux parmi les activités de notre groupe, l’intéressaient personnellement : le groupe lecture, et le groupe cinéma. Elle arrivait avec le roman à lire, avec ses notes, ses remarques personnelles, pertinentes, parfois très critiques quand elle jugeait l’œuvre trop avant-gardiste ou obscure. Les réunions cinéma étaient toujours très animées, les commentaires s’enchaînaient, mais au-delà de la quête du sens, Paulette était avide de comprendre la forme, la composition, les structures du film, travail d’analyse qui pour elle semblait être une découverte.

L’AFFDU est une association nationale, affiliée à un organisme international, GWI, Graduate Women International, et de ce fait nous sommes appelées à nous déplacer pour des rencontres, des réunions, des assemblées générales, des congrès. Paulette renouait ainsi avec l’habitude des voyages, si nombreux dans sa longue et exceptionnelle carrière universitaire. En fait, elle était toujours disponible pour partir, et nous aimions aller la chercher pour aller voir une exposition, visiter une abbaye, faire une excursion, ou simplement partager un moment festif lors de nos rencontres mensuelles, nous avons d’ailleurs de joyeux souvenirs des moments où nous fêtions son anniversaire. 

Le temps passant, et l’âge avançant, elle était paradoxalement de plus en plus présente, de plus en plus active, et nous faisant toujours bénéficier de son savoir et d’un humour tranquille, prenant en charge la technique informatique pour aider le conférencier, proposant son aide en anglais pour faire le power-point qui devait être présenté au congrès international, participant à la remise des prix aux lauréats de nos actions, prenant des initiatives pour contacter les jeunes professeurs, accompagnant nos présidentes pour les démarches administratives. Récemment lors d’un rendez-vous avec l’Inspectrice d’académie de Grenoble, qui en a été complètement étonnée et éblouie, elle s’offrit le luxe de faire un brillant exposé scientifique sur les fameuses mitochondries, accompagné de quelques conseils de diététique et d’alimentation pour résister au coronavirus. Ce jour là nous avons été très fières d’elle, fières d’avoir la chance de bénéficier d’une telle érudition dans notre association.

Si elle était grande par son savoir, et son expérience de vie, dont nous n’avons pas toujours eu conscience, étant donné sa discrétion et sa modestie, elle était surtout une amie, proche et directe, généreuse de son temps, une présence constante même en virtuel car elle était une mine de messages mails, et les plus loufoques qui soient : elle était incroyablement vivante. D’ailleurs depuis l’été dernier, elle travaillait avec une de nos amies, à parachever une conférence sur les mitochondries, qu’elle voulait nous faire, et qui lui tenait à cœur : elle voulait bien simplifier le propos, pour le rendre accessible aux profanes que nous sommes, mais dans cette collaboration si elle était d’accord pour simplifier, elle voulait surtout garder la main sur l’écriture.

Elle nous a quitté, inopinément, après nous avoir envoyé ses vœux quelques jours auparavant, nous laissant dans cette attente et cette suspension.

Nous témoignons à sa famille nos plus sincères condoléances, nous voulons surtout par ce témoignage exprimer l’attachement qui nous liait à notre amie, et l’admiration qu’elle suscitait: pour les membres de notre association, Paulette sera un exemple d’intelligence, de générosité. Dans ces temps difficiles, elle nous donne l’image de la persévérance, d’une force, elle nous communique le goût de vivre.

 

Vianella Guyot

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